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District 9


District 9 Année : 2009

Titre original : District 9

Réalisateur : Neill Bloomkamp

Les extra-terrestres débarquent sur terre, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Non, ils ne viennent pas nous envahir et, non, ils ne viennent pas nous faire bénéficier de milliers d'années d'évolution et de connaissances péniblement acquises. Ils sont perdus, affamés et ne demandent qu'une chose : un peu d'aide. Et ils en auront. Au début, tout du moins. Puis leur présence commencera à gêner les populations locales, noires et blanches, et leur cantonnement dans le quartier pauvre appelé District 9 ne suffira bientôt plus aux habitants de Johannesburg, pour qui une solution sera rapidement trouvée : expulser les extra-terrestres (les "crevettes", comme on les appelle, en raison de leur apparence) avec leur consentement, pour ensuite les envoyer vivre dans un camp de concentration moderne. Malheureusement, tout ne se passera pas comme prévu pour nos amis les humains : l'homme chargé d'expulser les crevettes, Wikus van de Merve, accomplissant tout d'abord sa tâche avec un zèle douteux (tout semble pour lui prétexte à faire crever des crevettes, qu'il appâte avec de la pâtée pour chats...), se fait contaminer par un fluide noir lors d'une descente, et commence dès lors à subir des mutations - il devient progressivement une crevette, et cette fusion de gènes attise tout autant la convoitise de puissants industriels blancs que celle de gangsters nigériens, qui croient que manger des extra-terrestres leur permettra d'utiliser leurs armes (basées sur la reconnaissance d'ADN) et de devenir aussi puissants qu'eux. En somme, notre ami Wikus se retrouve obligé d'aller quémander de l'aide aux crevettes qu'il prenait tant de plaisir à exterminer. S'ensuivront quelques aventures mouvementées, le développement d'une amitié solide et durable entre Wikus et une crevette, Christopher Johnson, qui, accompagnée de son fils, voudrait regagner le vaisseau mère (en vol stationnaire au-dessus de la ville) et un dénouement spectaculaire, qu'une simple description ne saurait rendre ici.

Surfant sur la vague des films fantastiques et d'horreur réalisés sous la forme de documentaires (Rec (2007), Diary of the Dead (2007), Cloverfield (2008), etc.), District 9 parvient à tirer son épingle du jeu grâce à un scénario digne de ce nom, un humour fort bienvenu, de très bons acteurs (en l'occurrence, de parfaits inconnus, ce qui renforce le réalisme du film), des effets spéciaux quasiment irréprochables (et ce en dépit du "petit" budget du film produit par Peter Jackson, soit 30 millions de dollars) et un montage efficace, bien que parfois mal rythmé (on échappe de peu au montage pour épileptiques typique des années 2000, mais j'avais tout de même, pendant et après la séance, un peu la nausée, bien que cette dernière fût également due en partie à la fatigue qui était la mienne et au tremblement continu de nombre de plans (justifié par l'aspect documentaire du film)).

District 9 est donc un film efficace dans sa forme générale et qui regorge de bonnes idées et de références à de grands classiques du cinéma fantastique, d'horreur et de science-fiction (The Fly (1986), Creature from the Black Lagoon (1954)...) et à la littérature (l'un des schémas charactéristiques des nouvelles lovecraftiennes, soit la découverte d'un peuple humanoïde par le héros suivie d'une chute horrifique qui consiste à faire prendre conscience au protagoniste qu'il est lui-même un lointain descendant de ce peuple à l'apparence ignoble et répulsive, est par exemple ici réutilisé pour être retourné complètement - Wikus se découvre bien une parenté nouvelle avec les crevettes, mais cela lui ouvre les yeux (l'une de ses dernières mutations visibles à l'écran n'est autre que l'apparition d'un oeil jaunâtre, symbole de sa prise de conscience). On peut bien sûr également y voir une vision métaphorique de l'apartheid, un pamphlet contre le racisme et l'exclusion dont souffrent les plus pauvres, la forme du documentaire venant renforcer cet aspect politique du film (on regrettera cependant que la différence ne soit pas plus marquée entre les passages filmés à la façon d'un documentaire de guerre et les passages purement narratifs).

En conclusion, District 9 est un film plutôt original, très bon dans son ensemble, et on saura bien vite lui pardonner son montage un peu trop agressif pour se délecter des magnifiques plans du vaisseau mère qui parsèment le film (j'en ai la rétine encore tout émue !).

Note : 8.5/10


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