Accueil

Donkey Kong Country Returns


Donkey Kong Country Returns Année : 2010

Support : Wii

Titre original : Donkey Kong Country Returns

Dévoloppeur : Retro Studios

Des masques africains volants et voleurs plus qu'animés s'invitent dans la jungle des Kong pour y dérober le stock de bananes du gorille le plus célèbre de l'histoire du jeu vidéo, hypnotisant au passage les animaux du coin pour en faire des alliés de choix. Eléphants et girafes, taupes et crabes, grenouilles et pieuvres se joignent alors sans protester à cette monstrueuse parade afin d'emporter au loin les bananes familiales. Malheureusement pour eux, il se trouve en cette jungle un dur à cuire sur qui l'hypnose semble n'avoir aucun effet : Donkey Kong lui-même, en poils et en os. Aidé de son fidèle compagnon Diddy, ce dernier, rendu fou de rage par cet impardonnable larcin, se lance sans plus attendre à la poursuite des malfaiteurs masqués. Une longue et périlleuse quête les attend.

Seize ans après la sortie du révolutionnaire Donkey Kong Country sur Super Nintendo, Retro Studios se propose de rendre hommage au titre de Rare et, si le pari relevait de la gageure, force est de constater que les développeurs de Donkey Kong Country Returns s'en sont tirés avec les honneurs, poussant le vice jusqu'à donner aux personnages crées par Shigeru Miyamoto une toute autre dimension - la 2.5D, pour être plus précis. Nous allons voir au cours des lignes qui suivent que ce nouvel opus des aventures de Donkey Kong atteint, par bien des aspects, des sommets rarement atteints jusque-là dans l'art vidéoludique.

Pour commencer, ce sont les graphismes qui, par leur qualité, surprennent, sublimant les considérations purement techniques pour nous proposer une grande variété de décors tous plus fascinants les uns que les autres, le tout dans un style visuel d'une grande finesse, agréable et cohérent. C'est donc avec un plaisir inénarrable que l'on se retrouve plongé dans le tout premier niveau du tout premier monde, au coeur de la jungle, référence évidente au tout premier Donkey Kong Country, que l'on explore usines et ruines et que l'on s'enfonce dans les volcans, les mines et les souterrains, tous plus colorés les uns que les autres, recommençant parfois certains niveaux pour en observer une fois encore les moindres détails (notamment ceux dans lesquels les différents éléments, y compris les personnages, se découpent en ombres chinoises sur fond d'aurore aux couleurs chatoyantes ou de fumée grisâtre), s'émouvoir des mimiques anthropomorphes de nos deux protagonistes ou bien encore admirer l'animation des ennemis et du paysage, qui semble ne jamais vouloir cesser de croître et de s'accroître. Ca vit, ça bouge et ça danse en tous sens, et c'est là que réside en partie l'ambiance unique de ce titre, dans lequel la souplesse des mouvements le dispute à l'enfantine rotondité des contours.

En partie seulement, puisque l'atmosphère particulièrement addictive de Donkey Kong Country Returns doit également beaucoup à son univers sonore, en grande partie hérité des anciens épisodes. Les bruitages, d'une qualité telle que l'on se prend fréquemment à ne ramasser des bananes que pour le simple plaisir d'entendre le son caractéristique de cette action, s'accompagnent des inoubliables compositions de Robin Beanland, alias "The Bean", celles-là mêmes qui firent le succès du premier opus et qui se trouvent ici remixées pour l'occasion. Chaque environnement se voit ainsi doté de mélodies qui lui sont propres, riches de variations et d'effets utilisés à bon escient, des musiques souvent aussi rythmées qu'entraînantes, parfois même joviales, qui mêlent diverses influences (jazz, électro, bandes originales de grands films hollywoodiens...) pour une expérience auditive de haute volée, dont on aura l'occasion de profiter plus longuement dans les bonus, les divers morceaux qui parsèment le titre s'y trouvant tous mis à disposition, à condition bien sûr de les débloquer au fur et à mesure de l'aventure - inutile d'ajouter que le jeu, pour le coup, en vaut la chandelle.

N'oublions cependant pas qu'un épisode de Donkey Kong Country ne serait rien sans une jouabilité digne de ce nom. Autant l'écrire tout de suite, de ce point de vue-là, c'est, une fois de plus, un sans-faute pour Retro Studios, qui nous propose de marteler, de souffler, de voler, de rouler et de tirer des cacahuètes avec une aisance remarquable, ce après un court temps d'adaptation, dû principalement à la maniabilité propre aux manettes de la Wii. Si nos deux héros passent leur temps à tomber de Charybde en Scylla, notamment lors des séquences en chariot ou bien à dos de fusée, l'on ne fulminera donc jamais contre une précision douteuse ou des choix de gameplay peu judicieux, puisque tout ici bas s'enchaîne à merveille, y compris lors des parties à deux (l'un des joueurs contrôlant Donkey, tandis que l'autre dirige le facétieux Diddy Kong), qui renouvellent considérablement l'intérêt de Donkey Kong Country Returns une fois ce dernier terminé en solo.

Ainsi, proposant au joueur une atmosphère auditive et visuelle unique, agrémentée d'un système de jeu qui tire le meilleur parti de la Wiimote (que l'on peut tenir à l'horizontale, comme c'était déjà le cas dans New Super Mario Bros.Wii), Donkey Kong Country Returns rend, selon l'expression consacrée, un vibrant hommage au classique indémodable de Rare, apportant ce qu'il faut d'originalité pour surprendre (entre autres, il faudra se baisser pour souffler sur des plantes ou des lanternes afin de découvrir des bananes supplémentaires ou bien encore des trésors cachés en secouant la Wiimote, frapper le sol de la même façon pour ouvrir des passages secrets et, last but not least, traverser maints décors tortueux à dos de fusée, comme écrit plus haut), et conservant les meilleurs aspects des épisodes précédents pour atteindre, sans mal, au degré d'excellence qu'un tel titre requérait par sa nature même. Après de longues heures de jeu, le joueur aguerri, nostalgique ou bien néophyte, quel que soit son profil, ne peut, comme on dit, que sortir avec la banane. Un chef-d'oeuvre à parcourir absolument.

Note : 10/10


Werna 2009-2023