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Entre les murs


Entre les murs Année : 2008

Titre original : Entre les murs

Réalisateur : Laurent Cantet

En classe avec M. Marin, professeur de français dans un collège de banlieue, nous suivons le parcours de la 4ème3, dans les meilleurs comme dans les pires moments, jusqu'au renvoi de Souleymane, un élève violent pour lequel on finit pas décider qu'il est impossible de faire quoi que ce soit.

Filmé à la manière d'un documentaire, mais avec un montage fortement présent qui affiche clairement son statut de fiction, Entre les murs échappe aux clichés auxquels on aurait pu s'attendre dans un film de ce genre : ici, pas de plaidoyer faussement anti-raciste (fait rare, Laurent Cantet se permet cependant de montrer avec humour, et sans insister dessus avec lourdeur, le racisme anti-blancs), pas de leçon de morale, pas de mise en accusation facile du système éducatif, pas de manichéisme, pas même de conclusion rassurante ou alarmante concernant la situation décrite. C'est un film humain, tout simplement, et, élèves comme professeurs, confrontés les uns aux autres, se montrent comme ils sont : des gens comme les autres, qui ont parfois du mal à gérer les situations de conflit, se retrouvent souvent en difficulté, font ce qu'ils peuvent pour vivre et travailler ensemble. M. Marin, interprété par François Bégaudeau, ancien professeur de français et auteur du livre dont est tiré le film qui nous intéresse ici, n'est ni le professeur idéal, parfait, qui finirait par discipliner une classe de délinquants juvéniles et parviendrait à force de persévérance à leur transmettre quelques connaissances plus ou moins utiles (comme c'est le cas dans un certain nombre de films du même genre), ni un professeur tyrannique contre lequel on comprendrait que les élèves se rebellent (comme c'est le cas, à nouveau, dans un certain nombre de films du même genre, par exemple Breakfast Club, réalisé en 1985 par John Hughes) ; non, M. Marin fait tout simplement ce qu'il peut avec Khoumba, Burak, Boubacar, Souleymane, Louise, Esmeralda et les autres, ainsi qu'avec ses propres collègues de travail qui, pour certains, n'en peuvent plus de travailler avec ces collégiens stupides qui se comportent comme des bêtes (ce qui donne lieu à un passage hilarant, où un professeur, accablé, imite les bruits de singes que font ses élèves en classe). Il lui arrive de faire des erreurs, comme tout le monde, de prendre trop à coeur certaines choses et d'en venir à se disputer avec certains de ses élèves, mais, dans l'ensemble, il parvient, tant bien que mal, à faire son travail de professeur, assumant pleinement ses responsabilités, même si cela lui est difficile, notamment lorsqu'il apparaît que le renvoi de Souleymane est inéluctable, ce qui constitue bien évidemment un échec cuisant, mais également un retour à la réalité pour ce professeur un peu trop idéaliste : il y a des élèves pour lesquels on ne peut rien et, justement, on n'y peut rien.

En conclusion, Entre les murs est un film intelligent, fin, percutant, interprété à la perfection par des acteurs amateurs impressionnants, devant lequel on ne s'ennuie pas, ce en dépit d'un scénario un peu déroutant - prenant la forme d'un documentaire, le film ne raconte pas vraiment une histoire dans sa définition aristotélicienne, avec un début, un milieu et une fin -, et qui offre une vision plutôt réaliste de la situation dans laquelle se trouvent de nombreux établissements en France. On peut dire que cette oeuvre a bien mérité sa Palme d'Or !

Note : 8.5/10


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