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Evolution


Evolution Année : 2001

Titre original : Evolution

Réalisateur : Ivan Reitman

Aux Etats-Unis, de nos jours. Alors que l'apprenti pompier Wayne Grey s'apprête à sauver sa poupée gonflable préférée des flammes de son propre incendie, ce dernier manque de justesse être broyé par la chute d'une météorite un peu particulière. Très tôt, les professeurs Ira Kane et Harry Block découvrent en effet qu'une forme de vie d'une nature inconnue s'y tapissait, capable d'évoluer en un temps record et de passer de la sorte en quelques jours de l'organisme unicellulaire de base au monstre le plus ignoble que notre belle planète ait jamais connu (le Blob, pour être plus précis), en passant par les plantes, les animaux aquatiques et les dinosaures. Fort heureusement, nos trois valeureux Américains, ainsi que la charmante Allison Reed, sont là pour nous débarrasser une bonne fois pour toutes de ce fléau farfelu venu d'une galaxie lointaine, très lointaine. La solution : verser à coups de pompe à incendie des hectolitres de Head & Shoulders dans ce qui lui sert apparemment d'orifice anal. Attention, ça va chier.

Comme on peut aisément s'en douter à la lecture des lignes qui précèdent, le réalisateur Ivan Reitman n'a pas, avec Evolution, pris le parti de nous livrer un film de science-fiction sérieux doté d'une profonde réflexion philosophique sous-jacente, loin de là, ni même un cours de biologie d'une heure et demie sur la théorie darwinienne, loin s'en faut, mais bien plutôt de se faire plaisir en signant une petite série B parodique où l'on reconnaîtra sans mal la patte et l'humour (pas toujours très fin, dans le cas présent, il faut bien le dire) du père d'S.O.S. Fantômes (1984), dans laquelle les références au genre parviendront probablement à titiller les zygomatiques des cinéphiles et téléphages avertis : pour nous rappeler qu'il a autrefois réalisé les deux volets du cultissime S.O.S. Fantômes, Ivan Reitman n'hésite ainsi pas à donner un petit rôle à Dan Aykroyd, alias Ray, s'amuser avec des effets spéciaux dans l'ensemble plutôt réussis et nous concocter une scène finale digne du combat contre le Stay Puft Marshmallow Man géant, la pompe à incendie remplaçant ici les fusils à protons des chasseurs de fantômes. Ce n'est également pas sans raison qu'il accorde à Seann William Scott un second rôle digne de celui qu'il avait dans American Pie (1999), dont on retrouve ici le goût prononcé pour les blagues scatologiques. Enfin, David Duchovny ("DuchOVNI", pour les intimes), qui interprétait alors encore le célèbre Fox Mulder de la série The X-Files, obtient ici un premier rôle sur mesure de scientifique à prendre au second degré, prêt à en découdre pour sauver l'humanité. Les clins d'oeil ne s'arrêtent cependant pas à quelques acteurs plus ou moins connus. En effet, par quelques tours et détours scénaristiques et visuels, Ivan Reitman nous replonge avec délectation dans les souvenirs plus ou moins récents de films tels que Le Blob (les versions de 1958 et 1988), avec sa météorite qui vient s'écraser sur Terre et provoquer un désastre au sein de la population d'une petite ville des Etats-Unis, ou bien encore Jurassic Park (1993, Steven Spielberg), avec ses dinosaures ressuscités pour le plus grand malheur des visiteurs du parc d'attractions - est-ce d'ailleurs un hasard si l'acteur Orlando Jones, alias Harry Block, ressemble dans le film à s'y méprendre à un Jeff Goldblum qui aurait la peau noire ? Cela, jamais nous ne le saurons.

Malheureusement, rien d'autre ne semble se trouver au-delà de ces quelques références amusantes : si les acteurs sont bons, les effets spéciaux plutôt jolis - même par rapport à ce qui se fait dans le domaine aujourd'hui -, les gags et mots d'esprit parfois bien sentis et le montage fort bien rythmé, la création d'Ivan Reitman ne parvient pas à dépasser le stade du petit film sympathique sans prétention, que l'on aura plaisir à regarder un soir, seul, en famille ou entre amis, dans l'unique but de se divertir un peu - en attendant de trouver mieux à faire. En conclusion, donc, Evolution n'a rien de bien évolué, qui marque au contraire la régression d'un réalisateur qui reste, coûte que coûte, fidèle à lui-même. Après tout, ne lui devait-on pas déjà Jumeaux (1988), Un flic à la maternelle (1990) et Junior (1994) ? Gageons que la réalisation du troisième épisode de S.O.S. Fantômes lui permettra de retrouver sa forme et sa force d'autrefois...

Note : 6/10


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