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Les Griffes du cauchemar


Les Griffes du cauchemar Année : 1987

Titre original : A Nightmare on Elm Street 3 : Dream Warriors

Réalisateur : Chuck Russell

Freddy Krueger revient pour de nouvelles aventures, cette fois dans un hôpital psychiatrique où des adolescents, pris en charge en raison de troubles du sommeil et de tentatives de suicide, s'unissent pour le combattre aux côtés du docteur Neil Gordon et de Nancy Thompson, récemment engagée dans l'équipe et, surtout, survivante autrefois des crimes perpétrés par le célèbre croque-mitaine. Ensemble, et malgré plusieurs victimes parmi leurs rangs, ces guerriers du rêve apprendront à se doter de pouvoirs en imagination pour vaincre leur terrible ennemi, dont on apprendra, au passage, qu'il était en réalité le fils d'une nonne qui se retrouva, bien des décennies plus tôt, enfermée seule au milieu d'une horde de psychopathes et de malades mentaux, qui, des mois durant, la firent prisonnière et la violèrent à plusieurs centaines de reprises avant, enfin, de la laisser sortir à moitié morte et enceinte. Félicitations, ma soeur, c'est un démon !

"The bastard child of a hundred maniacs" ("Fils bâtard d'une centaine de fous furieux"), Freddy revient en force prendre (enfin) sa revanche pour sa troisième apparition sur grand écran : de bons acteurs (John Saxon et Heather Langencamp reviennent pour notre plus grand plaisir dans les rôles de M. Thompson et de sa fille, tandis que d'autres arrivent, Lawrence Fishburne en tête, qui rivalisent de sympathie et de crédibilité), une esthétique des plus kitsch (musique originale composée par le groupe de heavy metal Dokken, adolescents amateurs de jeux de rôles et d'heroic fantasy), des plans judicieusement choisis, un montage rythmé, un scénario digne de ce nom, des dialogues souvent percutants ("Let's go kick the motherfucker's ass all over dreamland !" ("Allons botter le cul de ce fils de pute au pays des rêves !"), s'exclame Kincaid, un adolescent fort, noir et charismatique interprété par Ken Sagoes), des effets spéciaux souvent réussis et beaucoup d'humour (ce qui va désormais de soi) font sans mal de cet opus l'un des meilleurs de la série.

Bien sûr, on pourra lui reprocher un certain manque de profondeur (les quelques références, à Shining (1980, Stanley Kubrick), par exemple, n'y pouvant pas grand-chose) ou bien, de manière anachronique, son enracinement par trop manifeste dans les années quatre-vingts, mais c'est là justement ce qui fait tout le charme de cette petite production sans prétention (contrairement à La Revanche de Freddy), dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle sait tenir le spectateur en haleine, Chuck Russell, par le truchement de son Freddy, tirant habilement les ficelles de l'angoisse et du suspense (parfois littéralement, lorsqu'il guide, tel un marionnettiste, un jeune garçon par les veines à son inéluctable mort) tout au long du film, sans répit et sans repos pour les spectateurs, qui ne se lasseront probablement pas de le voir s'ingénier à trouver des meurtres toujours plus farfelus les uns que les autres - en témoigne la mort d'une jeune blonde qui voulait devenir actrice et se voit tout d'un coup perdre la tête, enfoncée de force dans un écran de télévision par un Freddy robotisé qui s'exclame : "This is it, Jennifer: your big break in TV. [...] Welcome to prime time, bitch !" ("Ca y est Jennifer : tu vas crever l'écran. [...] Bienvenue en prime-time, salope !"). On notera que Freddy perd ici quelque peu en subtilité...

En conclusion, Les Griffes du cauchemar (titre tellement bien traduit qu'il ne retranscrit en rien ni l'atmosphère, ni l'esprit du film) est un épisode à voir absolument pour quiconque aime un tant soit peu l'histoire de Freddy Krueger et veut savoir comment se terminent les vies de Nancy Thompson et de son père, ou bien encore pour quiconque est adepte des années quatre-vingts, des films pour adolescents, du cinéma d'horreur ou des histoires fantastiques à la H.P. Lovecraft, le choix d'un hôpital psychiatrique n'étant ici pas anodin. A ne manquer sous aucun prétexte, donc, même si Freddy vous flanque la frousse.

Note : 7/10


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