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Le Cauchemar de Freddy


Le Cauchemar de Freddy Année : 1988

Titre original : A Nightmare on Elm Street 4 : The Dream Master

Réalisateur : Renny Harlin

En dépit de ses innombrables meurtres, Freddy n'a pas encore tué tous les descendants des habitants d'Elm Street qui le brûlèrent vif autrefois. Qu'à cela ne tienne, ce bon vieux croque-mitaine revient encore et termine en quelques coups de griffe son grand oeuvre avec une ineffable délectation, prenant soin, au passage, de se transmettre, tel un virus, à une nouvelle venue qu'on croirait fraîchement revenue d'entre les morts et judicieusement prénommée Alice. Après avoir assassiné l'entourage de cette dernière au grand complet, notre triste luron s'aperçoit de son erreur en la voyant récupérer à son profit les capacités de toutes les personnes disparues, ce qui la rend proprement surhumaine, elle qui déjà maîtrisait l'art du rêve éveillé. Grande sera son horreur au cours du combat final où la jouissance criminelle le cèdera pour Freddy Krueger à l'effroi, les âmes de tous les enfants qu'il a tués se retournant alors contre lui pour l'envoyer, comme il est désormais de coutume, rôtir en enfer.

Après le chef-d'oeuvre de Wes Craven, Les Griffes de la nuit, la médiocre Revanche de Freddy et l'agréable surprise que furent les Griffes du cauchemar, Freddy Krueger, que l'on aurait pu croire essoufflé de s'être tant fait tué, repart pour un tour avec Alice au pays du vermeil. On constate dès le début que le mécanisme est désormais bien huilé : citations diverses (dont, cette fois, une parodie des Dents de la mer (1975, Steven Spielberg)), alternance incessante entre scènes réelles et scènes oniriques, entre éclairage naturel et couleurs surnaturelles propres à l'univers de Freddy (le bleu, le vert et le rouge), morts aussi grotesques qu'abracadabrantesques (noyade dans un lit à eau, métamorphose kafkaïenne façon La Mouche (1986, David Cronenberg) avant broyage impitoyable, corps aspiré de l'intérieur à l'apparence d'une poupée gonflable dégonflée), des adolescents que personne ne croit, des calembours dans les moments les plus ignobles et des coups de griffe à tire-larigot, tout concourt à faire de cet opus un Freddy comme les autres, sans compter que la plupart des acteurs se contentent d'interpréter, il faut le dire assez médiocrement, des rôles archétypaux qui ne feront certainement pas date dans l'histoire du cinéma (si l'on excepte l'excellent Robert Englund, qui reprend une fois de plus le rôle de Freddy, bien évidemment).

Fort heureusement, quelques éléments viennent sauver cette production du cauchemar et la placer du côté des nanars plutôt que des navets. Tout d'abord, l'actrice principale, Lisa Wilcox, apporte beaucoup au personnage d'Alice, qui passe de la jeune fille léthargique à la jeune femme énergique en un peu moins d'une heure et demie, le tout avec une finesse qui se démarque considérablement du reste du film. Il faut ensuite ajouter que les effets spéciaux de certaines scènes sont tout simplement splendides, notamment lors du combat final, où l'on voit, grâce à la puissance évocatrice du latex humide à l'apparence humaine, l'intérieur du corps de Freddy rempli des êtres dont il a pris les âmes, qui sortent ensuite de son corps pour le dévorer et le renvoyer d'où il vient. Enfin, l'ambiance bon enfant de l'ensemble achève de rendre Le Cauchemar de Freddy pour le moins sympathique, à défaut de lui faire atteindre des sommets dans le domaine de l'art cinématographique.

En résumé, cette modeste réalisation saura sans mal satisfaire les aficionados de Freddy, qui n'y verront probablement qu'une suite moyenne dotée de bons effets visuels et de quelques bonnes idées, tandis que les autres l'oublieront assez vite tant il est moyen à tous égards. Un nanar amusant mais somme toute assez banal, donc, à se regarder entre amis tard dans la nuit, de préférence après avoir bu quelques verres ou bien, pour les jeunes hommes, accompagné d'une belle demoiselle dont il faut espérer, au cours des scènes les plus immondes, qu'elle ne vous plantera pas, de peur, ses griffes dans la peau.

Note : 6/10 (Le Cauchemar de Freddy est tout de même, et ce n'est pas difficile, il faut le dire, légèrement meilleur que La Revanche de Freddy...)


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