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Ghost Rider


Ghost Rider Année : 2007

Titre original : Ghost Rider

Réalisateur : Mark Steven Johnson

Au moment où Johnny Blaze (Nicolas Cage), cascadeur à moto, apprend que son père a le cancer, Méphistophélès lui apparaît pour lui proposer de signer un contrat faustien : son âme contre la vie de son père (après Santa Claus, la Clause Satan...). Evidemment, Johnny accepte. Hélas, son père meurt le lendemain suite à un accident de moto, lors d'une cascade périlleuse. Désemparé, Johnny fuit celle qu'il aimait et s'en va mener sa vie de fou du guidon, devenant, cascade après cascade, le plus grand cascadeur de tous les temps - il semblerait que quelque chose l'empêche de mourir depuis sa rencontre avec le Diable, ce qui lui permet de sauter par-dessus 50 camions alignés, six hélicoptères dont les hélices tournent... Des années plus tard, Johnny retrouve la femme qu'il aimait, Roxanne, qui lui pardonne de l'avoir abandonnée et accepte de manger au restaurant avec lui le soir même. Malheureusement, c'est le jour qu'a choisi le Diable pour venir demander à Johnny d'honorer son contrat et d'aller éliminer son fils, Blackheart, et ses compagnons démoniaques, qui ont décidé de conquérir le monde sans papa Satan, voire contre papa, puisqu'il s'agit de lui voler un vieux contrat, qui permettrait à Blackheart de récupérer un bon nombre d'âmes damnées. Heureusement, Johnny, devenu le Ghost Rider, un motard à tête de squelette enflammée sur moto-carcasse métallique elle aussi enflammée, est là pour empêcher cela. Il y aura donc quelques scènes d'action, des policiers incompétents qui chercheront à arrêter Johnny en pensant qu'il est le méchant, une révélation pour Roxanne, qui comprendra que Johnny ne lui avait pas menti, lorsqu'il lui avait expliqué qu'il n'avait pu venir en raison de ce qu'il était devenu un motard à tête de squelette enflammée sur moto-carcasse métallique elle aussi enflammée suite à un contrat signé avec le Diable, une grande scène finale contre Blackheart et enfin la résolution : Méphistophélès revient pour annoncer à Johnny qu'il a bien honoré son contrat et qu'il peut donc maintenant revenir à une vie normale. Evidemment, Johnny refuse et déclare à Satan que, désormais, il le combattra grâce aux pouvoir du Ghost Rider.

Avec une histoire pareille, tout bon spectateur qui se respecte sent poindre à l'horizon le film du siècle, le chef-d'oeuvre tant attendu, celui-là même qui viendra révolutionner le septième art tout en lui donnant ses lettres de noblesse. Alors, dans sa grande naïveté, la rétine encore vierge, il se rend avec impatience au cinéma le plus proche, débourse les quelques malheureux deniers qu'il lui reste afin de s'offrir une place pour Ghost Rider et, sans se méfier du sourire ironique de la caissière, entre dans la salle obscure avec au ventre l'appréhension d'une jeune pucelle avant sa première fois.

Il a manqué les premières minutes du film, où une voix off expliquait des choses sans importance, mais il arrive à temps pour voir le générique flamboyant du début. Il commence à se sentir mal à l'aise. Dans la salle, il y a peu de monde, à vrai dire : quelques couples s'embrassent tendrement et profitent de l'obscurité pour s'adonner à des activités illégales en pareil endroit, une ou deux mères cherchent sans se presser l'emplacement idéal pour elles et leur progéniture, dont elles ne savaient que faire d'autre en cet après-midi pluvieux, et, ici et là, des bruits de mâchoires mastiquant du pop-corn, des chuchotements et des ricannements se font entendre; la désagréable impression d'être le seul à être venu pour voir le film envahit lentement notre jeune spectateur, qui n'a pour l'instant rien perdu de son innocence première.

Pourtant, il sent déjà qu'il s'est fait avoir, comme Johnny. Il s'identifie alors au héros, rien n'est perdu. Malheureusement, les scènes inutiles, les images de synthèse ridicules et ratées, les dialogues insipides, la confusion dans laquelle baigne l'ensemble, ont bientôt raison de lui, et son attention se dissipe. Il n'entend bientôt plus que le crépitement du pop-corn dont se goinfre son voisin de derrière, commence à avoir froid, avec cette climatisation mal réglée, et il sent son postérieur s'engourdir lentement, l'obligeant à changer de position toutes les cinq minutes.

A l'écran, Johnny se transforme pour la première fois en Ghost Rider. Notre spectateur se rappelle alors quelques films de loups-garous, qui lui avaient cependant laissé un meilleur souvenir. C'est à ce moment qu'il se rend compte, tandis que Johnny hurle à la mort, qu'il y a beaucoup de bruit dans la salle, depuis que le film a commencé. Puis il comprend : ce n'est pas la salle, qui est bruyante, c'est le film. Oui, le film est bruyant. Mauvais bruitages, mauvaise musique. Cette cacophonie devient vite insupportable. Il se console en se disant que, finalement, ça va bien avec les images. C'est très laid. A l'écran, les acteurs eux aussi semblent se rendre compte que quelque chose ne va pas dans ce film. Alors ils se cachent derrière les images de synthèse, de plus en plus hideuses et envahissantes.

Notre spectateur croit se souvenir d'un autre film, qu'il a vu une bonne dizaine d'années plus tôt, mais dont il ne se souvient plus du titre. Faust, de Brian Yuzna ? Non, celui-là avait le mérite d'être extrêmement bizarre et de conserver un peu de l'esprit des autres films du réalisateur du génial Society... Ah, ça y est, oui, il se souvient ! C'est Spawn ! Il se demande maintenant lequel, de Ghost Rider et de Spawn, est le pire. Mais il ne parvient pas à se souvenir d'une seule image de Spawn, alors il abandonne l'idée de comparer les deux.

Las, il s'endort et cauchemarde : dans son rêve, le Diable vient lui proposer un marché - pour le salut de son âme, il devra passer le restant de ses jours à regarder Ghost Rider ! Notre ami se réveille en sueur, cependant qu'à l'écran la tête de squelette enflammée scrute les yeux d'un bandit de bas étage, retournant contre celui-ci tout le mal qu'il a pu faire au cours de sa vie pour le terrasser : l'homme tombe alors raide mort, les yeux carbonisés. Et c'est bien là ce que le spectateur a l'impression que le film lui fait subir ! Il est en train de payer pour ses méfaits (quelques bonbons volés en maternelle, une bagarre avec un ami en classe de troisième, rien de bien méchant !), et son calvaire est loin d'être terminé. Il prend son mal en patience, se disant qu'il est bel et bien en train de faire pénitence. Après un nouveau déluge de bruits insupportables et d'images parfois incompréhensibles, pleines de flammes et de choses qui bougent dans tous les sens, comme la caméra, le générique de fin apparaît enfin, après une entrevue avec Méphistophélès, qui semble annoncer... une suite ! Notre spectateur, la pupille dilatée après ce viol rétinien de plus d'une heure quarante-cinq, sent alors comme une douleur au niveau de ses yeux. Palpant doucement ses globes occulaires, il s'aperçoit soudainement qu'ils sont carbonisés !

Notre spectateur se réveille avec un hurlement. Dans son lit, cette fois. Le cauchemar est fini, et il pousse un soupir de soulagement en songeant qu'il ne s'agissait là que d'un mauvais rêve. Il se lève alors, fait ses ablutions quotidiennes et retourne s'habiller dans sa chambre. Mais, alors qu'il vient d'enfiler son jean crasseux, notre ami, passant la main dans sa poche gauche pour la remettre en place, découvre avec horreur un ticket de cinéma sur lequel est inscrit, noir sur blanc, Ghost Rider...

Note : 1/10


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