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La Nuit des morts-vivants


La Nuit des morts vivants Année : 1968

Titre original : Night of the Living Dead

Réalisateur : George A. Romero

Un frère et sa soeur dans un cimetière. Ils sont soudain attaqués par un mort, qui tue le frère. La fille parvient à s’enfuir et rejoint une maison pour s’y enfermer. Elle rencontre alors un Noir, qui s’est lui aussi réfugié dans la demeure. Paralysée par la peur et muette, elle ne fait pas grand-chose pour aider son compagnon de fortune à barricader la maison. Le travail accompli, on voit alors sortir de la cave une petite famille de Blancs dont la fille est restée au sous-sol : elle a été mordue et se transformera bientôt. On tente une fuite en mettant du carburant dans un véhicule, mais le jeune homme et sa petite amie, au moment de prendre la camionnette, ne s’aperçoivent pas que cette dernière a pris feu. Ils explosent. C’est un festin pour les zombies. Le Noir retourne à la maison. La tension avait déjà monté, la mère se fait tuer par sa propre fille à coups de truelles, enfin le Noir se retrouve seul, s’enferme à la cave jusqu’au petit matin. L’armée salvatrice arrive alors, tue les morts (!) et fusille le Maure en le prenant pour l’un d’entre eux.

Nous sommes en 1968. Le film est tourné comme un reportage, en noir et blanc à l’heure du Technicolor, presque muet et sans acteurs connus. Juste avant la sortie, Martin Luther King est assassiné. Ou lorsqu’une série B prend des couleurs historiques… Le réalisme du film, par contraste avec son aspect fantastique (on ne saura jamais vraiment la cause du retour des morts à la vie), devient vite pesant. La musique, un montage de différents thèmes tirés d’autres films, oppresse et le silence quasiment constant laisse les pleins pouvoirs à une image sale, qui joue des contrastes tout en prenant le contrepoint des films gothiques de l’époque à l’atmosphère soignée (ceux de la Hammer). L’horreur, ici, c’est le monde réel. Des violons grincent : on fait un clin d’œil non dissimulé au maître du suspense, j’ai nommé Alfred Hitchcock. Mais le ton qui prédomine reste celui du documentaire et trouve son acmé dans une fin présentée sous forme de montage photographique, avec ce Noir qu’on empale sur un crochet comme de la vulgaire viande, ou un trophée de chasse. Tout finit par une image de bûcher qui, si elle nous rappelle ces procès de sorcières et ces lynchages que l’Histoire américaine connaît bien, nous ramène également au feu de la révolte, une révolution toute cinématographique puisque dès lors, le cinéma d’horreur change de visage – il devient, à proprement parler, le moyen d’une subversion.


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