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Tango et Cash


Tango et Cash Année : 1989

Titre original : Tango & Cash

Réalisateur : Andrei Konchalovsky

Gabriel Cash, alias Kurt Russell, et Ray Tango, alias Sylvester Stallone, sont les deux meilleurs flics d'une belle et grande ville américaine comme on les aime, deux véritables cowboys à qui rien ni personne ne résiste et qui n'hésitent pas à employer les moyens les plus improbables pour régler une affaire. Las, trop différents dans leurs méthodes, l'un prônant le sérieux, le calme et l'intelligence, tandis que l'autre se montre volontiers violent, vulgaire et vindicatif, tous deux, malgré leur statut de stars, se détestent cordialement. Fort heureusement, Yves Perret (rien à voir avec Pierre), grand ponte de la criminalité locale, y remédiera bien malgré lui grâce à la haine qu'il leur voue depuis toujours : désirant se débarrasser une fois pour toutes de ces deux trouble-fête qui n'ont de cesse de couper court aux agissements de ses sbires, ce dernier décide en effet de les faire mettre en prison, moyennant force complots et pots de vin, ce qui a pour conséquence irrémédiable le début d'une grande amitié entre deux individus qu'a priori tout opposait et qui n'ont pas l'intention de se laisser faire. Une fois derrière les barreaux, seuls parmi des dizaines de détenus placés là par leurs soins, nos deux compères unissent alors leurs forces et s'évadent, fracassant ici la tête de quelques malheureux et froudroyant là quelque malotru fort mal tombé, pour enfin s'en aller quérir, une fois libérés de l'enfer carcéral, ce pourri de Perret.

Les fêtes de Noël approchent, vous sortez du travail et l'enseigne rouge et bleue d'un supermarché, dont le motif forme, en creux, le C caractéristique d'une grande chaîne de magasins française, attire votre regard. Sous vos pieds, la neige tombée la veille fond paresseusement, ne laissant derrière elle qu'une boue visqueuse et brunâtre, et vous songez qu'un petit tour dans des rayons fraîchement décorés de boules multicolores, de guirlandes et de sapins artificiels, ne peut pas vous faire de mal. D'autant plus qu'à l'intérieur, il fait chaud. Vous n'êtes pas encore tout à fait décidé que déjà les portes automatiques s'ouvrent à votre approche, vous happent goulûment pour vous souhaiter la bienvenue dans le monde merveilleux du consumérisme. Très vite, vous vous surprenez à déambuler sans raison parmi vos congénères dégénérés, entre les boîtes de bonbons acidulés et les sachets de papillotes, passant en quelques pas des fruits et légumes aux petits soldats en plastique aux boissons alcoolisées aux grands classiques de la littérature aux bouteilles d'eau minérale aux DVD. C'est là que soudain vos jambes s'arrêtent net. Vous surprenez alors votre oeil hagard qui lorgne la jaquette d'un film en promotion (étiquette rouge et jaune, 4€). La conscience vous revient, les arabesques floues deviennent lettres, puis noms : Tango et Cash. Cash.

Chez vous. Sur votre canapé, sous forme de boîter rectangulaire, la preuve de votre incapacité de résister à la tentation. Ne reste plus qu'à glisser l'objet du délit dans votre lecteur et regarder ce film que vous avez pourtant déjà vu, bien des années plus tôt, lorsque vous étiez encore enfant. Très vite, les premières scènes d'action vous replongent dans l'ambiance particulière du cinéma d'action des années quatre-vingts, et plus précisément dans le sous-genre dit du buddy movie, qui connut justement ses lettres de noblesse à cette période. Vous vous apercevez cependant que les répliques ne sont pas aussi percutantes qu'elles le devraient, que le montage et la musique laissent à désirer, et quelques minutes suffisent pour que vous vous preniez à rire des divers défauts de continuité qui parsèment cette réalisation, de l'absurdité du propos et de l'inanité du scénario. Seul le charisme conjugué des deux têtes d'affiche aux bras musclés vous empêche alors d'appuyer sur la touche STOP de votre télécommande, ainsi qu'une certaine fluidité dans la succession des multiples péripéties, bien que ces dernières soient, à la longue, un peu répétitives.

Lorsque enfin le générique arrive, il vous semble que vous avez, finalement, passé un bon moment, la surenchère suggérée par la présence de deux grands du cinéma d'action s'avérant assez distrayante, et l'absence totale d'intelligence, un souci bien secondaire, d'autant plus que l'aspect grotesque de l'ensemble, l'excès se faisant sentir jusque dans la photographie, donne au film le ton d'un dessin animé pour le moins manichéen dont on sent que les héros, les bons comme les méchants (Yves Perret, interprété par un Jack Palance visiblement amusé par son rôle, n'étant pas des moindres), pourraient, à l'instar de certains personnages de cartoon, recommencer à se pourchasser indéfiniment. Le générique une fois terminé, vous décidez donc de rédiger une courte critique de Tango et Cash et concluez, cette dernière parvenant à son terme, qu'il s'agit là d'une petite production fort sympathique qui, loin de constituer ce que l'on pourrait qualifier de bon film, n'en demeure pas moins agréable à regarder - lorsque l'on n'a rien d'autre à faire et que l'on cherche un bon divertissement, s'entend. On comprend néanmoins sans mal qu'il n'y ait pas eu de second volet pour ce buddy movie de second ordre.

Note : 5.5/10


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