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La Fin de Freddy : l'ultime cauchemar


La Fin de Freddy : l'ultime cauchemar Année : 1991

Titre original : Freddy's Dead : The Final Nightmare

Réalisateur : Rachel Talalay

Après avoir été brûlé vif, aspergé d'eau bénite et par les âmes de ses victimes aux enfers emporté, Freddy Krueger, l'increvable croque-mitaine, en redemande et revient pour un dernier cauchemar entre amis, aidé pour cela d'un jeune homme amnésique qui, pour d'obscures raisons, s'avère être son dernier espoir de trouver de la chair fraîche et de retrouver, par la même occasion, sa fille disparue dans un refuge pour adolescents. Malheureusement pour lui, cette dernière est la digne fille de son père, qui lui fera vivre un véritable cauchemar et mettra tout en oeuvre pour le terrasser et le renvoyer dans sa tombe une fois pour toutes, n'hésitant pas à le ramener dans le monde réel pour lui enfoncer ses propres griffes dans le ventre et les accompagner d'un bâton de dynamite, afin d'être bien certaine de ne jamais plus le revoir ou le rêver de sa vie. Pour un homme mort dans les flammes d'un bûcher, voilà Freddy soudainement bien refroidi.

Prenant le parti de l'humour, du grotesque et de l'absurde, la réalisatrice Rachel Talalay signe là ce qui constitue probablement le pire épisode de la série des Freddy, ce qui, lorsqu'on a vu L'Enfant du cauchemar et La Revanche de Freddy, relevait de la gageure. Un exploit, donc, dont l'accomplissement nécessita, tout d'abord, la présence d'un scénario qui fût dépourvu de toute logique narrative, avec pour conséquence immédiate l'impossibilité pour le specateur de comprendre quoi que ce soit à l'histoire. Comment Freddy revient-il et, surtout, comment se transmet-il ? Comment fait-il pour apparaître dans le monde réel alors qu'il n'est pas censé pouvoir le faire autrement qu'en étant brutalement extirpé du monde des rêves ? Pourquoi les protagonistes se retrouvent-ils dans une ville fantôme au beau milieu de nulle part alors qu'ils ne sont pas en train de rêver ? Pourquoi sa fille, qui n'est pas amnésique, ne se souvient-elle pas de lui ? Et, surtout, pourquoi doit-elle à la fin mettre des lunettes 3D - celles de l'époque, en carton, colorées, avec des filtres rouge et bleu - pour mieux voir ce qui se déroule dans son cauchemar, alors que personne n'en a jamais eu besoin jusque-là ? A cette dernière question, la seule réponse possible, c'est - tout simplement, serait-on tenté d'écrire ici - que quelques scènes du film furent justement tournées en trois dimensions, l'effet n'étant cependant pas très concluant, si l'on en juge par la version VHS. Il fallait donc justifier et signaler le port de ces lunettes au sein même de l'oeuvre, quitte à ce que cela n'eût aucun sens. Pas plus de sens, soit dit en passant, que les références au Magicien d'Oz, aux Evil Dead du grand Sam Raimi, à Mario Bros (!) ou bien encore aux films de morts-vivants de George A. Romero. Dire qu'au départ, Peter Jackson avait été pressenti pour écrire le scénario ! (Heureusement pour lui, Robert Shaye, producteur de l'ensemble de la série des Freddy, préféra plus tard produire Le Seigneur des anneaux...) Néanmoins, comme nous allons le voir de ce pas, le cauchemar est loin, très loin de s'arrêter là pour les spectateurs.

En effet, ces derniers devront également subir les scènes inutiles dont regorge le film, le plus souvent des scènes dialoguées qui n'apportent strictement rien à l'histoire, la compliquent et finissent d'endormir ce pauvre type, assis là dans un fauteuil de cinéma, qui regrettait déjà, pendant les toutes premières minutes, d'avoir payé sa place aussi cher. Ajoutons à cela l'épouvantable jeu des acteurs, dont il faut dire, à leur décharge, qu'ils font absolument tout ce qu'ils peuvent pour sauver les meubles, les caméos de Johnny Depp, d'Alice Cooper, de Roseanne Conner et de son mari n'y pouvant, hélas, pas grand-chose. N'oublions pas non plus de mentionner le rythme soporifique du montage et la musique, constituée principalement d'un peu de hard rock et d'un extrait d'Une nuit sur le mont Chauve de Modeste Moussorgski, répété en boucle tout au long de ce trop long métrage, une composition dont le réalisateur Lloyd Kaufman faisait (sans mal) un bien meilleur usage dans son cultissime The Toxic Avenger (1985). Enfin, le sens de l'humour étant pour Freddy Krueger une marque de fabrique, il fallait bien que la réalisatrice intégrât, coûte que coûte, quelques mises en scène amusantes à son chef-d'oeuvre. Résultat : les meurtres les plus risibles et ridicules de la série. J'en veux pour exemple la mort (originale, il faut l'admettre) d'un sourd, tué à coups de chutes de clous - façon de lui clouer le bec à tout jamais -, Freddy n'omettant pas de nous régaler au passage d'un certain nombre de ses habituels calembours ("Lend me your ear !" ("Prête-moi l'oreille !")). Plus absurde encore, il trucide une nouvelle fois l'une de ses victimes, un jeune homme, par le truchement d'un écran de télévision, dans lequel il le téléporte avant d'en faire le héros d'un jeu vidéo très proche de Mario Bros. Il le fait alors, à l'aide de son joystick (une version stylisée du célèbre joystick d'Atari), sauter dans des tuyaux et combattre son propre père, avant d'aller lui-même le tabasser et le terrasser, une fois n'est pas coutume, avec des clous - de gigantesques clous. Ce sont malheureusement là les meilleurs moments de La Fin de Freddy : l'ultime cauchemar, qui, pour un film en 3D, manque cruellement de relief.

On l'aura compris, la seule qualité de ce film réside en ce qu'il ne se prend pas trop au sérieux, loin s'en faut, la réalisatrice n'hésitant pas à transformer Freddy Krueger en personnage de cartoon au milieu de décors en carton-pâte, pour le meilleur et, surtout, pour le pire. Si la première règle des cinq premiers épisodes était de ne pas s'endormir pour survivre, il en va donc tout autrement de ce nouvel opus, dans lequel survivre suppose pour le spectateur de s'endormir aussi vite que possible, l'idéal étant de ne pas le voir du tout. Mis à part, bien sûr, dans le but d'en rédiger une critique...

Note : 1/10 (pour l'humour, qu'il soit volontaire ou non...)

P.S. : à noter que le titre original de La Fin de Freddy : l'ultime cauchemar, soit Freddy's Dead : The Final Nightmare, inspira probablement les Nuls lorsqu'ils produisirent l'excellente Cité de la peur, dont l'intrigue tourne autour de la sortie d'un film imaginaire intitulé Red is Dead...


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