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Horribilis


Horribilis Année : 2006

Titre original : Slither

Réalisateur : James Gunn

Après un long voyage, une météorite vient échouer par une belle nuit d'été dans un petit village américain répondant au doux nom de Wheesly. Cela n'a cependant rien d'un don du ciel. Très vite, les événements se succèdent, qui mèneront de la découverte par Grant, dans les bois, d'une étrange créature à l'apparence gélatineuse, à la contamination massive des villageois par des limaces extraterrestres reliées télépathiquement entre elle par une tête pensante aux arrière-pensées destructrices - il s'agit désormais pour Grant, l'homme qui le premier fut infecté par l'entité tout aussi mal intentionnée que malfaisante venue de l'espace, d'annihiler l'humanité tout entière afin, cela va sans dire, de se nourrir. C'est donc, dans le camp des humains tout comme dans celui des limaces, une lutte darwinienne pour la survie de l'espèce qui s'engage, au cours de laquelle Starla devra faire fi de ses propres émotions afin d'affronter son mari, Grant, accompagné de Brenda, sa nouvelle maîtresse, et de surmonter son affection pour vaincre enfin l'infection.

Comme on peut aisément s'en douter à la lecture des lignes qui précèdent, Horribilis n'a rien d'un chef-d'oeuvre universel, mais, jouant sur l'autodérison, la satire et la multiplication des références, elle n'en constitue pas moins une série B que l'on aura plaisir à voir et, peut-être, à revoir. Il apparaît en effet clairement que la réalisation du film fut comme contaminée par le plaisir ineffable que prit l'équipe à participer à ce projet : à titre d'exemple, si les acteurs n'ont rien d'exceptionnel, ils s'y entendent cependant à merveille pour donner à leurs personnages un aspect volontiers caricatural, à l'instar des protagonistes de Braindead (1992), de Bad Taste (1987) ou bien encore de Toxic Avenger (1985), auquel James Gunn va jusqu'à emprunter un extrait lors de l'une des premières scènes de son film, comme pour annoncer l'horreur parodique et paroxystique à laquelle mènera, par un lent crescendo, son intrigue. Et, comme nous allons le voir au cours des lignes qui suivent, ce n'est pas un hasard si l'oeuvre de James Gunn contient autant de références.

En effet, le cinéphile averti aura compris dès les premières minutes que cette série B se propose tout simplement de rendre hommage à des classiques du genre, tout en se les réappropriant pour en faire la base même de son scénario : la météorite et la substance qu'elle contient nous renvoient bien sûr au Blob (1958) d'Irvin S. Yeaworth Jr., déjà parodié dans la mémorable Attaque de la moussaka géante (1999), de Panos H. Koutras, ainsi qu'à son excellent remake (celui de The Blob et non de L'Attaque de la moussaka géante) de 1988 par Chuck Russell (sobrement intitulé... The Blob), tandis que la multitude grouillante de limaces n'est, elle, pas sans rappeler la tétralogie des Critters (Critters (1986), Critters 2 (1988), Critters 3 (1991) et Critters 4 (1991)) ou bien encore, dans une certaine mesure, les créatures du Gremlins (1984) de Joe Dante, voire de Piranha (1978), du même réalisateur. Comme dit plus haut, on pense également sans hésiter aux films de jeunesse de Peter Jackson (Bad Taste, Braindead) et de Lloyd Kaufman (The Toxic Avenger), depuis devenus cultes dans le registre du gore, qu'exploite allègrement James Gunn (explosion d'une femme un peu gonflée - littéralement -, découpage d'un figurant dans le sens de la longueur, scènes d'anthropophagie collectives, pour ne citer que quelques exemples), un réalisateur que l'excès grotesque ne semble en rien gêner, du moment qu'on reste dans les limites du politiquement correct, voire de l'écologiquement correct. Pour finir, il serait difficile de passer à côté des clins d'oeil faits à La Nuit des morts-vivants (1968), de George A. Romero, les personnes contaminées par les limaces ressemblant étrangement à des zombies, L'Invasion des profanateurs de sépultures (1956), de Don Siegel, l'aspect politique en moins, et l'excellent Society (1989), de Brian Yuzna, dont la scène finale, au cours de laquelle les corps se fondent les uns dans les autres jusqu'à se confondre, est quasiment reprise à l'identique à la fin de Horribilis. Comme on peut aisément s'en apercevoir, ce labyrinthe inextricable de références cinématographiques, dont on pourrait sans mal encore allonger la liste, constitue la structure même du film, et ce peut-être au détriment d'une certaine originalité.

En conséquence, Horribilis se présente comme un divertissement sympathique ouvertement destiné aux amateurs du genre - ainsi qu'à l'auteur de ces lignes, amoureux des listes de films accompagnés de leur réalisateur et de leur date de sortie, qui, saisissant l'occasion, s'empresse alors d'en rédiger une courte critique. On pourrait ici bien sûr arguer qu'il ne s'agit pas là d'une oeuvre majeure et que le spectateur ne trouvera pas dans ce film véritablement matière à réflexion (si ce n'est dans le domaine de ce que nous appellerons ici les codes génériques), mais ce serait négliger le potentiel euphorique de cette petite réalisation sans réelle prétention. En cas d'appétit cinématographique inassouvi, ne craignez donc pas de céder à la malice de la limace.

Note : 6.5/10


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