Année : 1985
Titre original : A Nightmare on Elm Street Part 2 : Freddy's Revenge
Réalisateur : Jack Sholder
Jesse, jeune adolescent mal dans sa peau, déménage avec sa famille dans le beau quartier d'Elm Street, dans l'ancienne maison des Thompson, victimes
autrefois des méfaits d'un certain Freddy Krueger. Très vite surviennent d'étranges événements : visité dans ses rêves par le célèbre croque-mitaine
portant chapeau brunâtre, tricot rouge et vert et griffes aussi tranchantes que des lames de rasoir, Jesse se rend rapidement compte que ce dernier
tente de prendre possession de son corps afin de commettre l'innommable dans le monde réel. Il résiste, se débat, se défend, mais cède malgré lui, faisant
quelques victimes dans son propre entourage, à commencer par son professeur de sport et son meilleur ami. Fort heureusement, Lisa, folle amoureuse
de lui, vole à son secours et lui permet à la fin de vaincre la bête qui se trouve en lui. Tout est bien qui ne finira cependant pas si bien, suite
oblige...
Accumulant les références et les hommages tous azimuts, La Revanche de Freddy nous mène de Psychose
(1960, Alfred Hitchcock)
au Loup-garou de Londres (1981, John Landis), en passant par Les Oiseaux (1963),
L'Exorciste (1973, William Friedkin), Halloween (1978, John Carpenter),
Alien, le huitième passager (1979, Ridley Scott),
Amityville (1979, Stuart Rosenberg), Hurlements (1981, Joe Dante) et,
last but not least, La Belle et la bête (1946, Jean Cocteau), en n'oubliant pas au passage de nous ramener
par son titre aux bonnes
vieilles productions de la Hammer (La Revanche de Frankenstein (1958, de Terence Fisher), pour n'en citer qu'un),
ce qui permet au spectateur de voir ou d'entrevoir, entre autres réjouissances, une bâtisse à la symétrie démoniaque,
un inséparable attaquant à coups de bec les parents de Jesse, les dédoublements de personnalité de ce dernier,
lui-même encore montant les escaliers en vue subjective et manquant tuer sa propre
soeur, Freddy sortant de son ventre après un début de métamorphose ou, plutôt, de lycanthropie, Lisa plongeant dans les ténèbres humides et chaudes
de l'enfer industriel au sein duquel se tapit à la fin Jesse sous les traits de Freddy pour le sauver d'un doux baiser (Jesse et non pas Freddy,
le doux baiser n'étant bien sûr pas le danger dont réchappe notre jeune héros) - autrement dit, la belle sauvant la bête par l'amour qu'elle lui témoigne.
Malheureusement, clins d'oeil et citations ne suffisent pas à faire de ce film un chef-d'oeuvre, loin s'en faut. Si les acteurs ne sont pas exécrables,
voire parviennent à s'attirer la sympathie du spectateur, et si l'ensemble tente de conserver une esthétique proche du précédent opus (avec, en prime,
quelques magnifiques éclairages bleus, verts et rouges dans l'usine de la scène finale), il est en revanche plus difficile d'accepter le scénario,
tout à la fois prévisible et brouillon : la première partie du film, dans l'ensemble assez lente, introduit en effet progressivement des
éléments de plus en plus inquiétants, de plus en plus horribles,
à mesure que Freddy prend possession de Jesse, de manière à faire monter la tension, le suspense, jusqu'à la fête nocturne de la dernière partie du long métrage,
dans laquelle, tout d'un coup, comme par enchantement, tout le monde peut voir Freddy, qui apparaît et disparaît à l'envi dans le monde réel, personne ne désirant bien sûr
se frotter à lui - mis à part un jeune homme épris d'amour et de paix, qui propose à l'immortel meurtrier de se calmer, arguant que personne ne lui fera
de mal. Résultat, Freddy Krueger éventre à tours de bras qui n'a pas perdu la main, les adolescents prenant leurs jambes à leur cou pour éviter
d'y laisser la peau. Etrangement, c'est justement la dernière partie, plus rythmée, comme libérée de certaines contraintes et totalement débridée,
qui s'avère être la plus intéressante et, surtout, la plus jouissive. Elle sauve donc, au même titre que l'humour typique de la série, le film de l'ennui,
la dernière scène apportant, quant à elle, un zeste de poésie dans un monde de brutes : sauvée par la belle, la bête se consume, puis retrouve son apparence
normale en sortant du corps de Freddy comme un papillon de son cocon. Cette scène, c'est également, inversion spectaculaire, Eurydice se rendant
aux enfers à la recherche d'Orphée. Grâce à elle, Jesse semble avoir enfin vaincu son effroyable démon. Mais, un matin,
comme au début, le bus scolaire passe
le prendre, et il se rend compte avec Lisa que le conducteur n'est autre que Freddy Krueger en rêve et en os. La boucle est bouclée, le réalisateur respectant là
l'une des règles essentielles du cinéma d'horreur, qui veut que rien ne tourne rond, mais que tout tourne en rond.
En conclusion, La Revanche de Freddy, loin d'être aussi bon que le film auquel il succède, et bien qu'ayant
perdu la griffe particulière de Wes Craven et l'intelligence du propos d'origine, tire malgré tout
son épingle du jeu qui est loin d'être aussi mauvais qu'on aurait pu le penser : convenues dans le fond comme dans la forme, ces huit bobines
emplies d'humour et d'hémoglobine s'offrent comme une suite divertissante à se réserver pour les longues soirées d'automne ou d'hiver,
lorsque l'on n'a pas grand-chose d'autre à faire ou regarder, soirées au cours desquelles on aura tout le loisir de se demander pourquoi Freddy Krueger,
éternel tueur d'enfants, s'attaque au professeur de gym, et pourquoi, malgré son appartenance au monde du rêve, il se retrouve dans le monde soi-disant
réel à massacrer tout ce qui bouge, alors que personne ne dormait jusque-là, si l'on excepte Jesse. Et puis, depuis quand prend-il possession du corps
de ses victimes ? Rassurons-nous cependant, Freddy prendra véritablement sa revanche au prochain épisode, nettement supérieur en qualité...
Note : 5.5/10
Werna 2009-2023