Année : 1998
Titre original : Le Dîner de cons
Réalisateur : Francis Veber
Paris, de nos jours. Pierre Brochant, éditeur, organise chaque semaine avec ses amis ce qu'on appelle un dîner de cons,
dont le but est, pour chacun des convives, d'inviter un con dont la connerie se manifeste sous forme de
monomanie compulsive, de passion démesurée pour un domaine précis de la connaissance qui n'intéresse personne
d'autre que lui. Contrainte
temporelle oblige, Pierre Brochant convainc l'un de ses complices de le contacter au plus vite afin de lui
confier un con pour la prochaine soirée, sans quoi le pauvre risquerait de passer pour un con. Se
présente alors François Pignon, roi des cons, champion toute catégorie,
dont la passion consiste à reconstituer avec des allumettes les plus grandes constructions du génie civil, dont le célèbre Concorde.
En voilà un qui mérite toute sa considération ! Malheureusement, Pierre Brochant s'apprête sans le savoir à passer la pire
soirée de sa vie : s'étant coincé le dos, ce dernier se voit contraint de rester chez lui, seul en compagnie de son nouveau compagnon d'infortune,
François Pignon, alors qu'il vient d'apprendre par son répondeur que sa conjointe compte le quitter définitivement. François Pignon, compatissant,
se propose aussitôt de l'aider, contre son gré, le condamnant de la sorte, entre complots et conflits, à tomber de Charybde en Scylla, jusqu'à ce
qu'enfin le con découvre la terrible conspiration.
Respectant la règle des trois unités propre à la comédie classique (unité de temps, de lieu et d'action), sans oublier d'apporter son
lot d'archétypes dignes des personnages les plus célèbres de Molière (le con, son ami le contrôleur fiscal ou bien encore la nymphomane),
Francis Veber,
en adaptant sa propre pièce de théâtre,
signe là l'une des meilleures comédies françaises (et probablement l'un des meilleurs films français) des années 1990 : cadrages et
montage irréprochables, dialogues succulents et truculents, situations cocasses où la finesse de l'humour le dispute
à l'excellence d'acteurs
alors au mieux de leur forme (le duo formé par Thierry Lhermitte et feu le grand Jacques Villeret restera pour toujours gravé dans
les mémoires), tout dans ce film contribue à le hisser au panthéon des grands classiques du cinéma français.
Satire sociale de la bourgeoisie parisienne, Le Dîner de cons n'a de cesse de tourner
en dérision les moeurs d'une
certaine élite, le bourgeois farceur et méprisant devenant à la fin, par une ironie comique des plus délectables, le dindon de la farce :
ce soir, le con, c'est lui. Et le dîner, c'est le ciné. Les spectateurs rient, s'amusent de ces scènes invraisemblables le temps
d'une séance à nulle autre pareille
et ressortent le sourire aux lèvres, avec en tête l'idée qu'on est finalement tous le con de quelqu'un d'autre. Concept bien
français s'il en est, le con, conçu par tous et pour tous, nous serait consubstantiel, et ce qu'on le veuille ou non.
En conclusion, qu'on soit las de ces comédies dont le cinéma français nous abreuve depuis déjà plusieurs décennies ou qu'on n'affectionne
pas particulièrement le genre en général, il est impossible de conchier pareille création. L'auteur de ces lignes, qui se souvient encore
du premier visionnage de ce film en 1998 dans une salle obscure rendue sourde et aveugle par les éclats de rire et les larmes de joie, se
décide donc, après l'avoir enfin revu, à confectionner une courte critique de ce Dîner de cons,
dont on ne sortira décidément jamais complètement rassasié.
Note : 9/10
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