Année : 1990
Titre original : Repossessed
Réalisateur : Bob Logan
Dix-sept ans après l'exorcisme de Nancy Aglet, cette dernière, devenue mère au foyer, se retrouve à
nouveau possédée par le démon, qui s'empare de son âme alors qu'elle regarde une émission de télévangélisme animée par
Ernest et Fanny Ray Weller, une prédicatrice embourgeoisée qui porte toujours dans ses bras un représentant de la race canine assorti à ses
vêtements. Au tout début, voyant Nancy grogner à tout va, vomir sur tout le monde et tourner la tête à cent quatre-vingts degrés,
sa famille conclut bien évidemment qu'il s'agit là du syndrome prémenstruel ; mais Nancy, dans ces accès
de lucidité, n'est pas dupe, qui sait que Lucifère en personne l'a de nouveau pénétrée. Elle fait donc appel au père
Luke Brophy, prêtre dont l'incompétence n'a d'égal que son manque de charisme
et qui fera lui-même appel au père Gédéon Matei (en anglais, Jebedaiah Mayii, alias
Leslie Nielsen), piètre pitre responsable du premier exorcisme et, bientôt, d'un nombre inconcevable de gags sans queue
ni cornes. Fort heureusement, après moult calembours, farces grotesques et plaisanteries scatologiques en tout genre,
tout rentre dans l'ordre - pour ne pas dire dans les ordres. Et Nancy de retrouver une vie normale, avec en elle le secret espoir
de n'être jamais plus possédée par le diable. Las, ce dernier, avant que de s'en retourner dans les flammes de l'enfer, s'exclame,
d'un ton sardonique :
"Je reviendrai !"
Espérons, pour Linda Blair, qui interpréta, plus jeune, la petite Regan dans un grand classique du cinéma d'horreur,
j'ai nommé L'Exorciste (1973), que jamais le diable ne reviendra la déposséder
du peu d'aura qu'il lui reste encore. Car en effet, comme vous vous en doutez sûrement déjà, L'Exorciste en folie
n'a rien d'un chef-d'oeuvre, loin s'en faut. Si l'on se prend à rire de quelques jeux de mots venus tout droit de traducteurs
inspirés ("Un bon curé doit savoir récurer", "Il n'y a pas de petit Brophy", "Luke, que la foi soit avec toi"), d'une ou deux scènes dans lesquelles le réalisateur
s'en prend à sa propre réalisation, présentant tel plan comme une image d'archive, ou bien telle réplique comme uniquement justifiée par
le fait qu'elle se trouve dans le scénario, on a cependant bien du mal à supporter cette heure et demie dans son intégralité sans
sentir en soi monter comme une désagréable sensation d'agacement, hanté que l'on est par ces quelques traits d'esprit qui tantôt
nous séduisirent et qui bientôt nous irritent.
Autant le dire, si les acteurs, Leslie Nielsen en tête, ont dû vivre un véritable enfer en voyant le résultat final, les spectateurs, eux, vivent un
véritable calvaire en le regardant, que ce soit seuls, en famille ou entre amis.
S'il n'y a là pas de quoi rire, il y a en revanche de quoi perdre la foi que l'on peut avoir dans le cinéma,
dans ces grands classiques qui nous ont fait
rêver et ces réalisateurs géniaux qui n'ont cessé de nous réapprendre à regarder un film tout au long de leur carrière et
continuent de le faire, encore et encore, nous faisant immanquablement brûler d'impatience entre deux de leurs divines créations.
Mais il y a là également de quoi donner, à l'enfant d'une dizaine d'années que fut jadis l'auteur de ces lignes, l'irrépressible
envie de voir ce que parodie maladroitement Bob Logan, de découvrir l'un des grands monuments du cinéma d'horreur des années soixante-dix, et c'est là probablement l'une
des seules qualités de ce navet pour le moins navrant.
En conclusion, en dépit de quelques musiques entraînantes (le spectateur n'est pas prêt d'oublier "Pump Up the Jam" et la scène qui l'accompagne -
ni d'ailleurs le morceau qui reçut le prix de la pire composition originale aux Razzie Awards en 1991),
d'acteurs somme toute sympathiques et d'une ou deux (bonnes) idées, L'Exorciste en folie
manque cruellement d'âme qui ne fait pas plus honneur au septième art qu'il ne vous fera monter au septième ciel.
Note : 2/10
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