Année : 1993
Titre original : Groundhog Day
Réalisateur : Harold Ramis
Phil Connors, alias Bill Murray, présentateur de la météo pour une chaîne locale à Pittsburg, doit, comme tous les ans, se rendre
à Punxsatawney, en Pennsylvanie, pour y tourner un petit reportage sur le jour de la marmotte, fête célébrée
le 2 février, au cours de laquelle une marmotte, Punxsatawney Phil, sort de son terrier pour donner son verdict
concernant la fin de l'hiver : si elle voit son ombre et retourne, effrayée, dans son terrier, c'est que l'hiver sera long ; dans le cas contraire, si le temps est
nuageux et qu'il lui est donc impossible de voir son ombre, alors c'est que le printemps viendra vite.
Mais ce n'est qu'à contrecoeur que Phil, accompagné de sa productrice, Rita (Andie MacDowell), et de son cameraman, Larry,
se rend pour la quatrième fois consécutive à Punxsatawney, s'apprêtant, sans le savoir, à y vivre la plus longue journée
de sa vie - ou plutôt, pour être plus précis, à y revivre, encore et encore, cette même journée du 2 février, jour après jour...
Comédie fantastique respectant d'une manière pour le moins particulière la sempiternelle règle des trois unités - de temps, de lieu et d'action -,
Un jour sans fin est l'une des oeuvres majeures d'un Harold Ramis alors en grande
forme et, si le film repose sur un postulat semblable à celui de Replay (roman de Ken Grimwood publié en 1986, dans
lequel un homme revit, encore et encore, une partie de sa vie), il n'en demeure pas moins qu'il aborde ce thème d'une façon
plutôt originale, ce grâce à un scénario bien pensé (et surtout bien repensé par Harold Ramis, puisque la première version du scénario, écrite par Danny Rubin, supposait
un début in medias res), un montage "classique" et donc agréable, une photographie irréprochable (beaucoup de plans fixes à l'allure, parfois,
de tableaux en mouvement), une musique en adéquation parfaite avec chaque scène, des dialogues bien écrits et des acteurs au mieux de leur forme (Andie MacDowell rayonne et Bill Murray, comme à son habitude,
donne littéralement vie, par quelques mimiques et quelques grimaces bien placées, à son personnage d'homme cynique et désabusé,
bientôt désespéré puis ramené à la vie par son amour pour Rita - sans compter les seconds rôles, tous parfaits, notamment
l'insupportable Ned, un assureur que Phil rencontre chaque matin sur le chemin de la fête et tente d'éviter...).
Ayant regardé ce film une bonne dizaine, voire une bonne vingtaine de fois, il va de soi qu'il me serait difficile de porter
sur lui un regard réellement critique, mais il me semble malgré tout qu'il n'y a, objectivement parlant, pas grand-chose à lui reprocher, si ce n'est
son côté "grand public", qui l'empêche de montrer ce que tout spectateur ne peut s'empêcher, lui, à un moment ou à un autre, d'imaginer -
j'entends par là que, revivant sans fin la même journée, se réveillant tous les jours comme s'il n'y avait ni veille ni lendemain, notre très cher "Phil Murray"
se retrouve dans la position de pouvoir faire absolument TOUT ce qu'il veut et... n'en profite "malheureusement" que gentiment, comme dans toute
bonne petite comédie morale à l'américaine qui se respecte, privant de la sorte le spectateur à l'imagination fertile du
spectacle d'un Phil accomplissant les pires méfaits et s'adonnant sans scrupules aux délices du vice, ici sans limites. Mais,
comme l'étymologie de son prénom le laisse présager (Phil signifie grossièrement "celui qui aime"), notre héros se contente
de voler un peu d'argent et de séduire une femme à des fins peu avouables (à noter qu'il aurait tout aussi bien pu la violenter...), puis
revient à la raison, se met à faire le bien autour de lui, s'améliore jour après jour (si l'on peut dire) grâce à son amour
pour Rita, qui ne lui pardonne jamais la moindre erreur et le pousse à se perfectionner sans cesse, jusqu'au jour où, enfin...
Mais je n'en dis pas plus.
On l'aura compris, Un jour sans fin est une belle métaphore, un conte de fées (comme nous le rappelle par moments la musique extradiégétique) qui nous parle
de la vie et dans lequel un homme normal, moyen sous tous rapports, tire les leçons de ses erreurs et parvient à devenir
un homme meilleur grâce à son idéal (en l'occurrence, l'être aimé), mettant de la sorte un terme à sa malédiction - car, on le sait, l'homme
qui n'apprend pas de ses erreurs est un homme condamné à les répéter sans cesse, à vivre, littéralement dans le cas présent, un
jour sans fin - pour celui-là, le poids du temps se fait sentir lourdement, comme dans cet insert en contre-plongée sur le cadran du
réveil de Phil, où les chiffres 6:00, qu'on voit régulièrement apparaître tout au long du film, s'abattent au ralenti pour afficher
l'heure fatidique de cet éternel retour du même jour que notre ami subit depuis déjà des mois (voire des années, on ne sait plus très bien)...
Vlam ! C'est reparti pour un jour !
En conclusion, peu importe au fond le message du film et l'interprétation qu'on peut en faire, car, tout ce qui compte, comme d'habitude,
c'est qu'il soit bon et, je peux vous le dire, ce film-là se regarde sans fin.
Note : 9/10
Werna 2009-2023