Année : 2007
Titre original : I Am Legend
Réalisateur : Francis Lawrence
La vie, ou plutôt la survie de Robert Neville et de sa chienne, Samantha, dans un monde post-apocalyptique envahi par une armée de zombies en images de
synthèse qui ne supportent pas la lumière du soleil. Ces derniers ne devant leur condition qu'à un simple remède contre le cancer, le professeur
Neville imagine pouvoir inverser le processus et les guérir, mais n'abandonne pas pour autant l'espoir de trouver d'autres survivants, que chaque jour
il s'en va quérir au coeur de la ville...
Pour adapter l'excellent roman de Richard Matheson, tout en action, suspense et symboles, celui-là même qui inspira un certain
George A. Romero pour sa Nuit des morts-vivants (1968),
Francis Lawrence choisit d'abandonner les vampires pour les remplacer, comme dit plus haut, par des cadavres ambulants générés par ordinateurs
et qui, à l'instar des zombies de Danny Boyle dans 28 jours plus tard (2002), courent dans tous les sens et se montrent hargneux à
l'excès, n'hésitant par à sauter, grimper et chasser en meute, avec l'aide fort bienvenue de canidés zombifiés eux aussi. Ce choix pose cependant
plusieurs problèmes, notamment au niveau de la pertinence du propos : puisque Robert ne combat plus des vampires, l'inversion des rôles qui aurait dû faire
de lui une légende aux yeux de ses ennemis - plus intelligents dans le livre - ne fonctionne pas ici. Seul son sacrifice final, conté par une
autre survivante, peut, à la rigueur, donner du sens au titre du film, et donc au film lui-même. Deuxième problème : les zombies en images de
synthèse. Pourquoi ? Mais pourquoi faire une chose pareille ? D'autant plus qu'ils ne sont pas très nombreux. Payer des figurants aurait donc très
probablement coûté moins cher, maquillage compris. Alors pourquoi ? Pour leur donner l'air de sortir tout droit d'un cauchemar ? Mais, pour ce faire,
un bon éclairage aurait suffi. Alors, vraiment, pourquoi ? Après avoir longuement réfléchi, l'auteur de ces lignes ne trouve qu'une explication :
pour se conformer à la norme esthétique en vigueur dans les films à gros budget des années 2000. Peut-être. Sachant que d'autres, comme Zack Snyder,
n'ont pas cédé, du moins pas totalement, préférant, à juste titre, employer des personnes réelles pour un effet, justement, plus réaliste et plus
horrifiant.
Pour le reste, si l'on excepte les publicités pour Apple (tout le monde est mort, la ville est un champ de ruines et les rues sont dévastées,
mais subsistent encore, intacts, les ordinateurs de la marque à la pomme et ses célèbres iPod aux allures de monolithes bibliques),
Francis Lawrence nous offre un spectacle divertissant, dépourvu, comme ses zombies, d'intelligence réelle, avec en sus une ou deux scènes marquantes,
comme, par exemple, la mort épouvantable de Samantha. On notera cependant que Je suis une légende semble s'essouffler un peu
pendant la deuxième partie, ce malgré la découverte d'une survivante et de son fils par Neville, et que le sacrifice de ce dernier pour les sauver, à la
toute fin du film, est tout à fait absurde : encerclés dans son laboratoire par des hordes de morts-vivants, Neville et ses deux protégés se réfugient
dans une cage vitrée, le temps pour ce dernier de donner l'antidote à Anna, la mère, de lui révéler l'existence d'un passage secret qui leur permettra
de rejoindre en toute sécurité la surface et de se faire exploser avec une grenade. Encore une fois, pourquoi ? Pourquoi se suicide-t-il,
puisqu'il pouvait, comme il l'avait si bien dit lui-même, sortir en toute sécurité ? Pour le plaisir de mourir ? Par jeu ? Pour offrir au public une belle
fin ? Pour se conduire en héros ? Un héros, ça meurt, oui, mais seulement si c'est nécessaire ! Seule explication plausible pour ce final explosif :
Robert Neville souhaite rejoindre sa chienne, sa femme et son fils au paradis, la promesse d'un avenir meilleur ne le réjouissant guère.
Vous l'aurez compris, Je suis une légende ne deviendra pas une oeuvre mythique, loin s'en faut, mais, dans l'ensemble
plutôt bien mis en scène et bien filmé, saura vous divertir une heure et demie durant sans faire travailler le moindre de vos neurones, ajoutant
de la sorte une production de plus aux nombreux films de zombies sortis dans les salles après le succès inattendu du médiocre Resident Evil (2002, de
Paul W.S. Anderson)
et du remake remarquable et remarqué du Crépuscule des morts-vivants (1978, de George A. Romero),
j'ai nommé L'Armée des morts, réalisé par Zack Snyder en 2004.
Note : 6.5/10
Werna 2009-2023