Année : 1988
Titre original : After Death
Réalisateur : Claudio Fragasso
Un sorcier vaudou peu crédible et mal doublé
sacrifie sa femme afin de se venger d'un groupe de scientifiques incompétents
(si vous ne voyez pas le rapport, rassurez-vous : moi non plus). Ce qu'il leur reproche ?
De n'avoir pu sauver sa fille du cancer en dépit de leurs coûteuses recherches.
Ces derniers, armés jusqu'aux dents, parviennent
à retrouver l'ingrat dans sa grotte et l'abattent. Hélas, il est déjà trop tard : l'épouse zombifiée ressuscite et régurgite
avant de se jeter sur eux pour les dévorer un à un. Sur l'île, la terre se met alors à vomir
de toutes parts des hordes de morts-vivants
avides de chair fraîche. Ils se déversent en masse sur les seuls survivants, qu'ils dépècent et dépiècent sans vergogne.
Le sang coule à flots. Heureusement, une fillette de quatre ans, dont la course à travers les hautes herbes rappelle étrangement
La Petite maison dans la prairie, parvient miraculeusement à s'échapper. Vingt ans plus tard, elle revient (sans
trop savoir pourquoi) passer ses vacances
sur l'île maudite, accompagnée d'une bande de militaires à l'intellect aussi défaillant que leur vedette (je parle ici d'un type de
bateau et non d'une star, puisque de star il n'y a point dans ce film, à l'exception peut-être de Jeff Stryker, dont c'était le premier
long-métrage non-pornographique). Ils échouent donc sur le rivage et s'en vont dézinguer du zombie pour le plus grand plaisir de
nos zygomatiques, si tant est que l'on soit pourvu d'un sens de l'humour suffisamment développé pour accepter de s'infliger
un pareil nanar.
Le tiercé perdant.
Nonobstant cette introduction peu flatteuse à l'égard de
l'oeuvre de Claudio Fragasso (plus connu pour avoir commis L'Autre enfer, un fleuron de la nunsploitation (ou nonnesploitation, en français),
autrement
dit un film d'horreur basé sur une histoire de nonnes...), dont le scénario semble avoir été rédigé
par un enfant de quatre ans (peut-être la petite rescapée ?), je pense qu'il est avant tout nécessaire d'en souligner les
rares qualités : le montage est énergique, ce qui a la mérite, avec les scènes d'action dopées à la testostérone (ou du moins
se voulant comme telles) et le gore à gogo rigolo, de compenser allègrement le ridicule consommé des scènes dialoguées, sans
parler des éclairages surréalistes qui, notamment lors de la scène d'ouverture, laissent d'amers regrets quant à la possiblité
d'un film à la Lucio Fulci, modèle incontesté du réalisateur pour ce film (qui se veut, à en juger par son titre, plus comme
une suite à Zombi 2 ou à L'Au-delà qu'au chef-d'oeuvre de George A. Romero (Zombie, le crépuscule
des morts-vivants, avec lequel les suites italiennes n'ont pas vraiment de rapport), voire d'un hommage à Dario Argento.
En parlant de ce dernier, la musique, excellente en dépit d'un kitsch assumé, n'est pas sans rappeler, toutes proportions
gardées, les célèbres compositions de Goblin.
Avec, en prime, une belle tête de vainqueur !
Zombi 4 aurait donc pu, en toute logique, être une bonne série B. Hélas, vous l'aurez compris,
il n'en est rien. Si le regarder ne tient pas de la torture, le comprendre, en revanche, tient de la gageure, l'histoire, si
tant est qu'il y en ait une, étant incompréhensible : pourquoi la jeune fille revient-elle sur une île dont elle ne se souvient pas ?
S'agit-il vraiment de la même fille, le raccord n'étant pas bien clair (le montage laisse en effet supposer que le bateau sur
lequel elle arrive va justement permettre à la fillette qu'on vient de voir s'enfuir de quitter l'île) ? Comment se fait-il
que, dans une même phrase, la zombification soit à la fois présentée comme un virus et comme un mauvais sort jeté par le sorcier ?
Si la fille ne se rappelle pas son bref séjour sur l'île (où elle a tout de même perdu ses parents), comment se peut-il qu'elle
sache se servir de la statuette qu'elle porte autour du cou, censée repousser les zombies une fois placée sur un socle entouré
de bougies ? Enfin, ce rite accompli, pourquoi se transforme-t-elle à son tour en zombie, sans même avoir été mordue ? A toutes ces
questions,
nous n'obtiendrons bien sûr jamais la moindre réponse. Néanmoins, vu le piètre jeu des acteurs et l'absence de développement psychologique
des personnages, on se moque bien, au fond, de connaître le sens de ce que ces derniers disent ou font et la raison de leur mort
ou de leur survie - tout comme le réalisateur et son équipe, d'ailleurs. La seule question qui subsiste, en réalité,
n'est autre que celle-ci : pourquoi ce film ?
Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'un anniversaire mais d'un rituel vaudou : le zombiversaire, donc. Car
rien ne remplacera jamais la magie des bougies.
En conclusion, si vous n'avez rien de mieux à faire et que le cinéma bis italien sait éveiller la curiosité morbide
qui sommeille en vous, n'hésitez pas une seconde : Zombi 4 est pour vous ! Armez-vous au préalable
de patience, d'humour et d'amis (et/ou d'alcool),
et vous passerez une petite heure et demie sympathique devant une oeuvre que vous aurez
tôt fait d'oublier mais dont vous pourrez, une fois le calvaire et le Calvados terminé, rédiger une courte critique
sur votre site personnel.
Quand on découvre que sa femme ressemble à ça. Ou qu'on voit le film de Claudio Fragasso pour la première fois.
Note : 1/10 (pour l'effort)
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